Dans presque toutes les sociétés, même dans la vôtre, le « Qu’en dira-t-on ? » est l’arme fatale de mise à mort de l’esprit créatif et divin des êtres humains que nous sommes et dont nous revendiquons avec véhémence la qualité. Les quatre institutions citées dans mon post « Les yeux des autres » ne sont d’ailleurs pas étrangères à l’hégémonie du « Qu’en dira-t-on ? », et je dirais même qu’elles l’attisent.
Combien de projets, de livres, d’idées, de concepts, de génies et autre sont simplement mort dans l’œuf à cause de cette arme fatale de la sociabilité humaine porté à sa plus triste expression. Quelles infamies, meurtres, meurtrissures, destructions, insultes, diffamations et autres pires atrocités n’ont pas été commis sous le couvert du « Qu’en dira-t-on ? » ? Mao Tse Tsung, Mère Theresa, Galilée, Socrate, Jésus, Mandela ont été des victimes célèbres et connues du « Qu’en dira-t-on ? ». Mais que dire et qui sait le nombre faramineux de tous les autres inconnus de l’histoire qui ont subi le pugilat de cette arme absolutiste et fatale ?
Mais sur quoi se fonde le « Qu’en dira-t-on ? » pour se nourrir et faire de tels dégâts ? Les quatre institutions citées dans l’article Les Yeux des autres (ces gardiens bénévoles) et les conventions tacites tissées dans les sociétés. Pour les conventions tacites tissées dans les sociétés, ce sera l’objet d’une autre réflexion. Mais pour pouvoir se nourrir à ce que j’appelle « les yeux des autres », puisqu’il n’est pas un être vivant, mais simplement un concept, une convention, le « Qu’en dira-t-on ? » a besoin de votre abandon ou votre renoncement, volontaire ou involontaire, à la responsabilité individuelle de votre vie. Y avez-vous renoncé ?
Voyez par vous-mêmes.
Combien de fois avez-vous voulu porter un vêtement mais ne l’avez pas fait parce que vous ne vouliez pas affronter le regard désapprobateur de vos pairs ? Combien de fois avez-vous voulu dire quelque chose en public et vous êtes vous abstenu parce que vous vous êtes dit que ce n’était pas de bon ton ? Combien de fois avez-vous voulu faire quelque chose et vous en êtes-vous abstenu à cause des yeux des autres ?
Et cette abstention touche tous les domaines de la vie. Le mariage, l’école où envoyer ses enfants, la façon de marcher, de parler, de pleurer, de se tenir et tout ce que vous pouvez imaginer. Vous avez validé vos décisions dans « les yeux des autres » tellement de fois dans votre vie que c’est devenu la règle absolue à respecter.
Votre ADN l’a enregistré et intégré.
A la fin, vous ne vous en êtes même pas rendu compte, mais vous ne vous appartenez plus, vous êtes un objet de la société qui dois s’imbriquer dans celle-ci comme le ferait le pion d’un puzzle, vous devez obéir à LA REGLE. Vous n’avez pas eu le temps de questionner vos agissements et vous vous êtes fait prendre dans la spirale de vouloir faire plaisir aux autres, de vouloir faire comme les autres, de vouloir faire les choses de la bonne façon sans jamais vous demander si c’était vraiment la bonne façon.
Vous vous êtes contentez de vous dire que puisque tout le monde fait telle chose ainsi, c’est ainsi qu’elle doit être faite. Alors si c’est le cas, est-ce votre choix ou avez-vous subit le choix de la communauté ?
Tout le monde est entré dans cette manipulation et y joue sa partition avec une fidélité à toute épreuve. Tout le monde est devenu le gardien bénévole d’un système qu’il n’a pas questionné. Votre ami, votre collègue, l’agent de police, le serveur au bar, la maman à la maison, le curé, le prof, le maitre, tout le monde s’est donné à cœur joie à cette conspiration manipulatrice de votre ADN avec votre assentiment sans que vous ayez eu le temps de vous en apercevoir. Sans que vous ayez même su que vous vous faisiez manipuler et vous manipuliez les autres gardiens bénévoles.
Alors dites-moi, avez-vous ou pas de la responsabilité individuelle de votre vie ?