L’OR OU LA CHAÎNE ?

Le Secret de Babylone pour l’Émancipation Économique

Introduction

L’histoire des nations, qu’elles soient situées sur les rives de l’Euphrate il y a six mille ans ou dans les villes florissantes d’Afrique francophone aujourd’hui, révèle une vérité immuable : la prospérité d’un pays dépend fondamentalement de la prospérité financière personnelle de chacun de ses citoyens. Votre aspiration à conscientiser et à responsabiliser les populations qui ont trop longtemps été maintenues dans l’ignorance et la dépendance résonne profondément avec la sagesse millénaire de Babylone, berceau des principes fondamentaux de la finance.

Babylone, dont le nom évoque la richesse et la splendeur, n’était pourtant pas favorisée par la nature, s’élevant dans une vallée aride, sans mines, sans forêts, et loin des voies de commerce naturelles. Sa richesse fut uniquement le résultat de l’ingéniosité et de la sagesse financière de ses habitants.

Pour briser les chaînes de l’« esclavage économique » — que l’on pourrait assimiler à la colonisation financière et mentale qui persiste — il est impératif de renverser le narratif occidental de la dépendance et de la consommation facile. Les contes d’Arkad, l’homme le plus riche de Babylone, offrent un guide intemporel conçu pour offrir à ceux qui ambitionnent un succès financier une vue qui les aidera à obtenir de l’argent, à le garder et à le faire fructifier.

Ce livre de thérapeutique pour les bourses démunies n’est pas une quête de chance ou de gain rapide, mais une science de la richesse qui insiste sur la préparation, l’entendement et les réalisations consécutives à nos efforts et à notre savoir-faire. La voie vers l’émancipation est tracée par des lois simples et concrètes.

Nous explorerons cinq piliers essentiels de cette sagesse, outils puissants pour transformer l’état d’esprit de la dépendance en un esprit de souveraineté et de prospérité.

Se Payer en Premier, Reverser l’Esclavage Économique

Le premier et le plus fondamental des sept moyens de remplir une bourse vide est d’une simplicité radicale : commencez à garnir votre bourse. Ce principe est le point de rupture avec la mentalité de l’esclave qui travaille uniquement pour satisfaire les besoins et les désirs de son maître, ou, dans le contexte moderne, de ses créanciers, de ses fournisseurs, et du système de consommation.

Arkad, l’homme le plus riche de Babylone, a révélé ce secret crucial qu’il a appris de son mentor, Algamish, le vieux prêteur d’argent. Après avoir travaillé toute une nuit pour graver une loi sur tablette, Arkad demande à Algamish de lui révéler la voie de la richesse. La réponse du vieil homme opère un renversement psychologique qui est essentiel à toute démarche d’émancipation :

« Alors, il me fixa finement d’en dessous de ses sourcils touffus et dit à voix basse, mais avec fermeté: ‘J’ai trouvé la voie de la richesse quand j’ai décidé qu’une partie de tout ce que je gagnais devait m’appartenir. Il en sera ainsi pour toi.’… ‘Mais tout ce que je gagne, je peux le conserver, n’est-ce pas ?’ lui ai-je demandé. ‘Loin de là’, répondit-il. ‘Ne paies-tu pas le couturier? Ne paies-tu pas le sandalier? Ne paies-tu pas pour ta nourriture ? Peux-tu vivre dans la ville de Babylone sans dépenser? Que te reste-t-il de ton salaire du mois dernier? Et de tout ce que tu as gagné l’année passée? Idiot! Tu paies tout le monde sauf toi. Nigaud, tu travailles pour les autres. Aussi bien être un esclave et travailler pour ton maître, qui te donne ce qu’il te faut pour manger et t’habiller’ ».

Ce passage est un miroir tendu à toute personne qui travaille dur mais dont la bourse reste vide. Tant que vous ne vous appropriez pas au moins un dixième de vos gains, vous travaillez techniquement pour les autres : pour le propriétaire, le vendeur de vêtements, le marchand de nourriture. Ce n’est qu’en réservant cette part — que le livre fixe à pas moins d’un dixième — que l’individu commence à bâtir un capital en prévision de son avenir et de celui de sa famille.

Cet argent mis de côté est la graine de la richesse. Il ne doit pas être vu comme une privation, mais comme un acte de rémunération envers soi-même, une discipline nécessaire qui, étrangement, n’appauvrit pas, mais attire l’or plus facilement. En agissant ainsi, vous passez du statut d’objet de l’économie à celui de sujet souverain.

La Chance n’est qu’une Opportunité Saisie par l’Action

Dans le narratif de la dépendance, la réussite est souvent attribuée à la chance capricieuse ou à des faveurs extérieures. Ce mythe maintient les populations dans une attente passive ou les pousse vers des illusions dangereuses comme le jeu.

Arkad rejette cette conception de la Destinée Capricieuse. Il enseigne que, si l’occasion se présente bien à tous, elle n’est profitable qu’à ceux qui sont préparés et qui agissent sans temporiser.

Dans le Temple de la Connaissance, Arkad pose la question de savoir comment attirer la chance. Les discussions se dirigent vers les salles de jeu, les courses, ou les trouvailles inopinées. Arkad réfute que la déesse Chance fréquente ces lieux, rappelant que dans le jeu, les chances sont toujours inversées contre le joueur.

La vraie leçon de chance réside dans la détermination et la promptitude à agir. Un marchand relate par exemple comment il a laissé échapper une opportunité en reportant sa décision, à cause de désirs futiles comme l’achat de vêtements coûteux. Sharru Nada, le prince marchand, dit au petit-fils d’Arad Gula :

« Qualifierais-tu de “chanceux” un pêcheur qui a passé de longues années à observer le comportement des poissons et qui parvient à les capturer grâce à un changement de vent, en lançant ses filets autour d’eux juste au moment propice ? L’occasion est une arrogante déesse qui ne perd pas de temps avec ceux qui ne sont pas prêts ».

Le Syrien, un étranger, utilise un mot clé pour décrire celui qui manque la chance : le temporisateur. La manie de remettre à plus tard est l’ennemi le plus redoutable, car elle nous fait ignorer les opportunités qui demandent une décision rapide.

« De tout ceci découle la vérité, vérité que plusieures histoires semblables de chance gagnée ou perdue ne pourraient changer: la chance peut vous favoriser si vous saisissez l’occasion qui se présente ».

En d’autres termes, l’émancipation économique n’attend pas un événement miraculeux ou l’aide extérieure, mais exige une préparation constante (financière et intellectuelle) et une détermination inflexible à saisir l’occasion.

Le Piège du Consumérisme et l’Infinité des Désirs

Une des tactiques les plus efficaces pour maintenir la dépendance est l’encouragement à la consommation illimitée, souvent véhiculée par les médias modernes, créant un cycle où l’on travaille uniquement pour maintenir un certain niveau de dépenses. Babylone enseigne à déconstruire cette illusion par la tenue d’un budget.

Arkad l’explique clairement en répondant à ses étudiants qui affirment que leurs gains ne suffisent pas à couvrir leurs « dépenses obligatoires ». Il révèle une vérité psychologique fondamentale qui brise le piège de la consommation :

« Voici: les dépenses dites obligatoires augmentent toujours en proportion de nos revenus, à moins que nous ne soyons pas d’accord. Ne confondez pas vos dépenses obligatoires avec vos désirs. Chacun de vous, et votre famille, avez plus de désirs que vos revenus ne peuvent satisfaire. Donc, vos revenus sont dépensés pour satisfaire ces désirs jusqu’à une certaine limite. Encore vous reste-t-il beaucoup de désirs insatisfaits. Tous les hommes se débattent avec plus de désirs qu’ils ne peuvent en satisfaire ».

Arkad met en garde contre la nature prolifique des désirs : ils germent librement dans l’esprit des hommes chaque fois qu’il y a une possibilité de satisfaire ces désirs. La solution n’est pas de s’imposer une vie misérable, mais de distinguer clairement les besoins des désirs futiles.

La maîtrise des dépenses passe par un budget rigoureux, qui n’est pas un esclavage, mais un instrument de contrôle pour réaliser ses ambitions véritables. Le budget doit servir à défendre vos plus grands désirs (la construction de votre fortune) contre vos désirs futiles (la consommation immédiate).

En établissant un budget qui alloue seulement les neuf dixièmes de vos revenus à la vie courante, vous forcez vos dépenses à s’adapter, et vous devenez le maître de votre flux financier. Le budget devient la lumière dans la cave noire qui montre les trous dans la bourse et permet de les boucher.

L’urgence n’est pas d’imiter le luxe ostentatoire des anciens colonisateurs (symbolisés par les dépenses illimitées), mais de s’ancrer dans une réalité contrôlée qui assure l’avenir.

La Primauté de la Connaissance et de la Compétence

Le livre insiste sur le fait que la richesse durable est l’enfant de la connaissance et de la détermination. Les richesses extérieures et les opportunités ne valent rien sans la capacité intérieure à les gérer. Dans une perspective d’émancipation, cela signifie que le plus grand investissement n’est pas l’or, mais l’amélioration de ses facultés intellectuelles et de son habileté.

Quand Arkad a perdu son premier investissement en se fiant à Azmur, le fabricant de briques, Algamish lui a administré une leçon cinglante sur la nécessité de rechercher l’expertise :

« ‘Tout fou doit apprendre’, grommela-t-il; ‘comment peut-on se fier au savoir d’un fabricant de briques en ce qui concerne les bijoux? Interrogeras-tu le boulanger au sujet des étoiles? Non, parbleu, tu irais voir un astronome, si tu as quelque intelligence. Tes économies sont parties, mon jeune ami; tu as scié ton arbre de la richesse à ses racines. Mais sèmes-en un autre. Essaie encore une fois. Et la prochaine fois, si tu veux avoir un conseil au sujet de bijoux, va voir un bijoutier. Si tu veux questionner sur les moutons, va voir le berger. Le conseil est fourni gratuitement, mais prends seulement ce qui est valable. Celui qui demande conseil concernant ses épargnes à quelqu’un sans expérience en la matière devra payer de ses économies pour prouver la fausseté des conseils’ ».

L’un des principaux dangers, et un piège souvent rencontré par les peuples manquant d’opportunités, est le désir romantique d’investissement. Cela se traduit par la recherche de rendements usuriers ou de propositions farfelues qui promettent d’enrichir subitement. La sagesse babylonienne prescrit de consulter ceux qui manipulent l’argent quotidiennement et dont le succès est établi, et de fuir les « plans fantastiques d’hommes imprudents ».

L’or vient à celui qui respecte les lois. En observant les cinq lois de l’or, Nomasir, le fils d’Arkad, a pu regagner toute sa fortune perdue, concluant que la sagesse était plus précieuse que l’or lui-même :

« Vous m’aviez remis une tablette d’argile gravée de sagesse. Voici; en échange, je vous donne deux sacs d’or… Ceci est pour vous prouver, père, que la valeur de votre sagesse m’est beaucoup plus chère que celle de votre or. Mais qui peut mesurer en sacs d’or la valeur de la sagesse? Sans sagesse, l’or est vite perdu par ceux qui le possèdent, mais grâce à la sagesse, l’or peut être acquis par ceux qui n’en ont pas, comme ces trois sacs en témoignent ».

Augmenter son habileté à acquérir des biens est le septième moyen de remplir sa bourse. Cela signifie se former continuellement, devenir meilleur que les autres dans son métier (artisan, commerçant, professionnel), car plus nous acquérons de connaissances, plus nous pouvons gagner.

La Dette, Ennemi de la Liberté et de l’Estime de Soi

Le fardeau de la dette excessive et irresponsable est une autre forme de chaîne économique. La libération d’une emprise extérieure passe par la reconquête de l’honneur et du respect de soi, qui sont intrinsèquement liés au paiement de ses obligations.

L’histoire de Dabasir, le marchand de chameaux réduit en esclavage en Syrie à cause de ses dettes non remboursées et de ses dépenses excessives, est l’illustration parfaite des conséquences de l’irresponsabilité financière. C’est sa maîtresse, Sira, qui lui révèle la dure vérité de sa condition :

« ‘Si tu laisses les années passer sans te plaindre en ne faisant rien pour rembourser, alors ton âme est assurément l’âme d’un esclave. Il ne peut pas en être autrement pour un homme qui ne se respecte pas lui-même; personne ne peut se respecter s’il ne rembourse pas ses dettes équitables’ ».

Le chemin de l’homme libre ne consiste pas à fuir ses problèmes, mais à les affronter. Les dettes sont des ennemis qui vous ont chassé, mais les créanciers sont des amis qui vous ont accordé leur confiance. Dabasir réalise finalement cette vérité dans le désert, comprenant que sa crise physique (faim, soif) n’est rien comparée à sa crise morale :

« ‘Ai-je l’âme d’un esclave ou l’âme d’un homme libre?’ Aussi rapidement que l’éclair, j’ai compris que si j’avais l’âme d’un esclave, je devais m’allonger sur le sable et attendre mort… Mais, si j’avais l’âme d’un homme libre, qu’arriverait-il alors? Je devrais certainement retrouver le chemin menant à Babylone, rembourser les gens qui m’avaient prêté de l’argent en toute confiance, apporter du bonheur à ma femme qui m’aimait vraiment et apporter la paix et la satisfaction à mes parents… Dans une nouvelle vision, je sus exactement ce que je devais faire. D’abord, je retournais à Babylone et j’affronterais tous ceux envers qui j’avais une dette ».

La détermination est la clé. Le plan pour sortir de la dette est simple et exige une discipline stricte (semblable à celle du plan pour s’enrichir) :

  1. Mettre de côté un dixième pour soi.
  2. Vivre avec sept dixièmes.
  3. Allouer deux dixièmes pour rembourser les créanciers honorablement et justement.

C’est ce plan qui a transformé un ancien esclave en un homme honorable, un plan qui donne « de l’or et de l’argent dans ma bourse » et permet de « garder la tête haute ».

Conclusion

L’héritage de Babylone, ville construite sur le travail humain et la sagesse financière, nous offre une feuille de route pour l’émancipation économique, applicable au Cameroun, à l’Afrique francophone et à tous ceux qui aspirent à la souveraineté.

La richesse qui demeure n’est jamais le fruit d’une « magie » ou d’une fortune soudaine, mais le résultat concret et graduel de la connaissance appliquée avec détermination. C’est en faisant le choix conscient de :

  • Vous payer en premier et de cesser de travailler uniquement pour le compte du système extérieur.
  • Rechercher activement les opportunités par l’action, plutôt que d’attendre passivement la chance.
  • Maîtriser vos désirs pour que vos dépenses soient un outil de prospérité, et non une chaîne de consommation.
  • Cultiver votre compétence et votre sagesse afin de ne jamais confier votre avenir à l’inexpérience ou aux conseils des imprudents.
  • Affronter et vaincre la dette qui prive l’âme de sa liberté et le corps de son estime de soi.

C’est en se libérant de la mentalité d’esclave — celui qui gémit : « Que puis-je faire, moi qui ne suis qu’un esclave? » — pour adopter l’esprit de l’homme libre — celui qui voit les problèmes et les affronte pour les résoudre — que les peuples retrouveront la voie de l’autonomie et de la fierté.

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